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Etincellographie


Rares sont les mots qui laissent nos moteurs de recherche silencieux. Etincellographie en est un. Un mot sans définition qui ouvre donc le champ des possibles : l’art de faire des étincelles ? de briller en public ? L’art de photographier les feux d’artifice ? Non, cherchons au cœur de la matière.

Pour déterminer la structure des métaux, au delà du simple état de surface (aspérités, fissures), Anasoff utilise le microscope optique dès 1841 : c’est la micrographie ou métallographie. L’échantillon, sectionné selon l'orientation du cristal et poli suivant un plan précis, réfléchit les rayons envoyés par l’objectif du microscope. Grossis entre 100 et 200 fois, les inclusions, les phases et les joints de grains qui peuvent fragiliser la structure apparaissent.

Mais la composition peut déjà être évaluée de façon empirique, en observant les faisceaux d’étincelles qui jaillissent quand on entame le métal à la meule : les fines particules de matière facilement oxydables et réduites en poudre s’enflamment. Les teintes (claires, foncées, brillantes), les couleurs (orange pour lecarbone, jaune pour fer, blanches et éblouissantes pour l'aluminium, bleutées pour le magnésium et le zinc), la longueur et la forme (pointe de maçon, de menuisier, pied de biche, lame de cutter, en ombelle, en dards fourchus) des étincelles sont alors répertoriées pour servir de références comme dans un atlas de métallographie. Le laiton ou le bronze produisent peu ou pas d’étincelles et sont donc utilisés pour la fabrication des outils à main.

Observez à l’occasion les cierges magiques de votre prochain gâteau d’anniversaire… Quant aux feux d’artifice, on sait depuis 1635 que l’ajout de sulfure d’antimoine à la poudre noire produit des flammes bleues comme les écailles de fer, une traînée plus lumineuse… mais n’en retenez que la poésie qui fait briller vos yeux !

Souce : Suppl. d'AM n°26 du 22 mai 2017