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Résonance


Cette partie du titre, ‘la résonance dans les arbres’ évoque d’abord en moi le tambourinage d’un  pic qui retentit dans la forêt en échos lancinants ou les vibrations des tronçonneuses entamant les forêts primitives d’Amazonie et les sites sacrés des Indiens d’Amérique.

A moins que ce mot de ‘résonance’ ne fasse plutôt ressurgir en vous un lointain souvenir de cours de physique, une histoire de catastrophe sur un pont, ni à Nantes, ni à Avignon mais bien à Angers sur le pont de la basse chaîne. C’était en 1850. Le pas cadencé des soldats serait entré en résonance avec le mouvement ondulant du tablier du pont suspendu, provoquant son effondrement et la mort de 225 personnes du 3ème bataillon du 11ème Léger ! En 1940, le pont de Tacoma s’écroule à son tour sans faire de victime mais devant des témoins qui fixeront ces impressionnantes images sur pellicules.

La résonance est alors l’explication toute trouvée : la fréquence des mouvements de torsion diminue tandis que celle des mouvements de flexion augmente ; il en résulte une vitesse, appelée vitesse critique, pour laquelle ces deux fréquences sont égales et provoquent des phénomènes d’auto-amplification conduisant à la rupture. Pour appréhender l’auto-amplification, ‘poussez l’escarpolette’ et visualisez comment un simple petit geste régulier suffit à relancer la balancelle(çoire) en de belles et grandes oscillations ! Aujourd’hui, on pense que la résonance seule ne suffit pas à justifier la rupture du pont ; il faut y associer l’action conjointe du vent sur le parapet qui provoque des tourbillons dans les masses d’air et participe à l’amplification du mouvement.

« C'est dans la résonance et non dans les raisonnances qu'on peut entendre : un raisonnement n'a
jamais convaincu personne
 » Alain Amselek

Source : Suppl.d'AM n.33, 11 juillet 2017