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Bleue


Allez savoir pourquoi nous ne gardons parfois d’un livre qu’une impression générale et la couleur de sa couverture. N’avez-vous jamais cherché LE fameux « livre bleu » faute d’avoir retenu ni son auteur ni son titre ? Des rayonnages arc en ciel apporteraient plein de gaîté aux bibliothèques et certainement du piment à la recherche. Mais avant de s’attacher les services d’un relieur qui sélectionnerait des cuirs allant du bleu nuit à l’azur ou au cyan il aura fallu le talent de chimistes, botanistes ou géologues pour découvrir le secret de ces pigments bleus si difficiles à extraire. Alors, quelles sont les nuances qui vous font vibrer dans ce camaïeu de bleus  ?

- Le ‘titane de fer’ du saphir ou le ‘phosphate d’alumine’ de la turquoise ?

- L’outremer des céramiques chinoises de l’époque Ming (1368 - 1644), des faïences de Delphes (XVIIème), des miniatures persanes (XIIIème) obtenu à partir du lapis lazuli broyé ou le cobalt des faïences de Sèvres (XVIIIème) déjà employé depuis l’Antiquité (- 2600 av. J.C. en Egypte) ?

- Les motifs pastel ou indigo des tapisseries (lisière d’Aubusson, fond fleurdelisé) révélés par l’oxydation ou la fermentation des feuilles de ces plantes tinctoriales ?

- L’éclat des gentianes dans les alpages, la frimousse barbouillée d’un enfant qui s’est régalé de myrtilles ou la métamorphose d’un hortensia ‘nourrit’ à l’ardoise pilée : des bleus tous liés aux anthocyanes assimilant plus ou moins l’aluminium selon le ph, l’altitude, les UV… ?

- L’iridescence des ailes du morpho, les couleurs chatoyantes du ara hyacinthe ?

- Le précipité d’hydroxyde de cuivre ou le savant mélange qui compose le bleu de méthylène, le bleu de Prusse (découvert accidentellement vers 1706) ou l’IKB de Klein (inventé en 1960) ?

- Les lueurs ‘somnolentes’ d’un téléviseur ou l’impromptu ‘écran bleu’ d’un ordinateur en carafe ?

- La terre « bleue comme une orange » de Paul Eluard ou celle rythmée de La Belle bleue ?