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Comme mascotte publicitaire


Ici, on observe comment l’image prend le pas sur les mots : sans doute par la taille mais aussi par le sujet lui-même. Comme les grands yeux des bébés suffisent à nous attendrir, l’animal est aujourd’hui souvent utilisé comme mascotte publicitaire pour son capital sympathie et son charme… Sans doute la mule appelle-t-elle dans notre inconscient un charmant paysage de
campagne plein de calme, de sérénité, une connotation de douceur portée par l’image de l’ânon, mais aussi la symbolique du travail, de la patience et de l’endurance. …

Pourquoi notre esprit dépasse-t-il le sens premier de l’image, la dénotation…  et déplace sa signification vers un sens implicite ? Une représentation influencée par notre vécu, notre culture… : quand certains verront  Peau d’âne, d’autres visualiseront Shrek, Tro-tro, Alphonse Daudet et ses lettres, Sancho Panza, ou Bourriquet, … Mais en 1887, sans doute que l’animal n’est perçu que comme un simple moyen de locomotion, une force permettant de réduire l’intensité du travail…

Et puis soudain l’œil est finalement capté par la légende jouxtant l’image ; avant que le cerveau n’assemble les lettres en syllabes puis en mots, comme un bonbon dont on savoure l’enrobé sucré sans se douter que le piquant  viendra nous saisir et ne laissera finalement que le goût amer d’une mauvaise farce, on ne pressent encore rien de l’horreur à venir : « La mitrailleuse Nordenfelt à  3 canons » résonnent ; la dénotation devient détonation ; la campagne se fait militaire, anticipant sur ce qui allait se jouer en 1914 ! Le regard se fige alors sur ce chargement d’un coup si lourd à porter. Le mulet revêt son air de stupidité, d’obstination, de lâcheté, de laideur … dont l‘homme a toujours su tirer profit. Il est son émissaire servile, son auxiliaire de guerre pour porter ces affreux desseins de violence ! Docile, résigné, ce cheval du pauvre va à l’abattoir, sans même espérer les honneurs qu’on attribuait à la noble cavalerie !