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La rognure


Quand le livre sort de l’imprimerie sous forme de cahiers pliés, ses tranches sont encore tout à fait irrégulières. Il faut donc couper le bord des feuillets pour leur donner la dimension voulue (marges de l’imprimeur) et rendre la tranche plus nette (voir Suppl. d’AM n°7 sur les gouttières). Cette opération délicate et très technique était autrefois réalisée par le relieur, au moyen d’une presse munie d’un outil tranchant appelé rognoir ou fût à rogner. Dans les livres précieux, on ne rogne que la tête du livre (plus sensible à la poussière), le reste est ébardé (le plus gros de la marge est enlevé aux ciseaux). C’est Guillaume Massiquot, qui en 1844 invente la machine à levier qu’on connaît aujourd’hui et qui porte son nom.

Non rognés, certains livres ne se dévoilent qu’aux plus patients des lecteurs, qui, armés d’un coupe-papier pourront doucement en savourer le texte : un privilège exclusif réservé au tout premier lecteur, un petit bonheur comme celui d’imprimer de ses pas l’étendue immaculée d’une neige toute fraîchement tombée… C’est le parti pris des éditions José Corti.

Avant 1789, le livre en France est vendu sous trois formes :

  • en feuilles (cahiers non reliés),
  • broché sous couverture d’attente : quelques pages blanches au début (sur lequel on écrit manuellement le titre) et à la fin du livre font office de couverture. Ses feuilles sont non coupées et gardent ses grandes marges : il est moins lourd et plus facilement transportable. C’est notre cas ici, avec ce livre de 1788… (M. DCC. LXXXVIII) !!!!!!
  • relié (rare à cette époque car réservé aux clients fortunés qui préfèrent choisir leur reliure).

Les documentalistes de l'ENSAM Campus d'Angers
Source : Suppl'd'AM n°9 du 9 janvier 2017
Le livre en photo est issu du fonds ancien d'Angers.