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Calende


Quand elles sont grecques, les calendes n’augurent rien d’autre que de l’espoir déçu ; c’est une ‘ellipse’ pour ne pas dire ‘jamais’, la continuité dans l’absence, un éternel report jusqu’à une date fictive comme la Saint Glin-Glin ou la semaine des quatre jeudis qu’on attend vainement.

Sans équivalence dans les calendriers grecs antiques, la calende est un concept spécifique des calendriers romains (Calendarieum, ’registre des échéances’) qui font coïncider le cycle solaire avec les lunaisons. Ainsi, la calende correspondait tout à la fois au premier jour du mois et à la nouvelle lune (tandis que l’ide qualifiait  les jours de pleine lune). La notion de semaine apparaît plus tardivement. Initialement, elle divise le mois en 3 semaines de 10 jours (décade) puis en nundines (semaine « commerçante » où le jour de marché ponctuait un intervalle de 8 jours révolus) et finalement en 7 jours sous l’influence des civilisations orientales sémitique et chrétienne.

Historiquement, le calendrier romuléen ne comportait que 10 mois (304 jours) allant de mars (1) à décembre (10). On retrouve ici l’origine des noms de mois de notre calendrier actuel : septième mois de l’année ‘septem’ (septembre), ‘octo’ (octobre), … ; Le calendrier pompilien verra la naissance du mois de janvier et février (354 jours). Viennent ensuite le calendrier Julien dont les réformes furent initiées par Jules César (cycle de 4 ans et 365 jours) en – 45 av. J.-C. et enfin le calendrier grégorien (qui prend en compte le décalage d’environ 3 jours par 400 ans par rapport à l’année astronomique)…

Entre 1792 et 1805, le calendrier révolutionnaire voit le retour des décades (primidi, duodi, …) et le remplacement les noms de saints par des noms de plantes, d'outils ou d'animaux. Mais Napoléon restaurera le calendrier grégorien qui sera progressivement adopté dans le monde entier : France 1582, Russie 1918,

« Quand est né Jules Jariez ? »

Un petit exercice de paléographie (lire les écritures anciennes) sur l'extrait du « Matricule des fonctionnaires » (voir Suppl.d'AM n°1 du 17 octobre 2016) permettait de nous plonger dans l’histoire des calendriers. En effet, la mention lisible « 24 9bre 1805 » faisait référence à l’origine de nos noms de mois à une époque où l’année commençait en mars (octobre était donc le 8ème mois ‘octo’, comme novembre le 9ème mois ’novem’).

Mais une information n’a pas de sens, sans son contexte historique : ici, 1805 tombe à l’époque du calendrier révolutionnaire ! Le convertisseur fait correspondre le 24 novembre 1805 au 3 frimaire de l’an XIV.

Alors, allons de ce pas le vérifier sur son acte de naissance dans les registres paroissiaux numérisés du côté de Versailles … Et là surprise : «Jean-Baptiste né le 23 frimaire du moment [frimaire de l’an XIV] »… soit le 14 décembre 1805 ! Alors, qui a fait l’erreur ? Passées ou actuelles, mieux vaut toujours revenir à la source et croiser ses informations !

Les documentalistes de la bibliothèque d'Angers
Source : Suppl. d'AM, n°19 du 27 mars 2017
Image : registres paroissiaux Versailles