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Atramenthophile


L’atra’mentho’phile aurait pu être un amateur de pastilles à la menthe... mais ce mot savant
désigne en fait un collectionneur d’encriers (du latin atramentum, liquide noir, encre) ! Mobile ou portatif, l’encrier sert à maintenir le liquide fluide et à l'abri des impuretés : initialement cornet de bois ou de corne, il devient contenant en plomb, puis en fer galvanisé, en verre, porcelaine, ou fonte émaillée.

Les premiers livres connus de recettes d’encre datent du XIème siècle. Sa composition varie avec les époques et les pays. Elle est constituée le plus souvent  des éléments de base suivants :

  • un pigment : noir de fumée (Chine), ou suie (Japon), ou charbon de bois (Egypte), ou  oxydes métalliques (Inde) : plomb, sulfate de fer ou de cuivre .
  • un liant aqueux : colle de peau , de corne, colle de poisson, ou  gomme arabique ;
  • éventuellement des additifs pour améliorer ses propriétés (couleur, résistance au temps, odeur, mouillabilité, onctuosité, durée de conservation) : fiel, clou de girofle, sucs végétaux (tanins d’écorces, noix de galle, camphre, musc, gingembre, pin...).

On retrouve des objets peints à l’encre de Chine en - 5000 avant J.-C. Cette technique de peinture zen est associée à un véritable art de vivre, un chemin intérieur où le pinceau traduit les émotions. Pour la calligraphie japonaise, le bâton d'encre (sumi) est solide et doit être moulu sur une pierre à encre avec de l’eau.

Dès le IIIème siècle avant J.-C., Philon de Bizance s’initie à l’art de la dissimulation, la stéganographie, et nous livre son secret de l'encre invisible (ou « encre sympathique »). L’enfance nous a tous appris à révéler une missive écrite au jus de citron grâce à la flamme de la bougie. Aujourd’hui, l’encre 2.0 est thermosensible ou apparaît avec la pluie.

Source : Suppl.d'AM, n°23, 2 mai 2017