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Coutellerie


Des sonorités à l’espagnole qui laissent transparaître la passion et c’est déjà le ‘fil’ du couteau à aiguiser qu’on entrevoit ; cette traduction du mot remouleur nous plonge dans le tableau de Goya qui porte ce titre et représente l’artisan ambulant en plein affûtage de ses outils coupants. Le taillandier, lui, fabrique des instruments tranchants (faux, haches, serpe, …), quand le blanchoeuvrier en fait commerce (armes blanches).

Au néolithique (2500 à 2000 ans av. J.-C.), les ébauches de haches étaient débitées et façonnées directement dans les mines de silex puis aiguisées par des polisseurs dans des rainures de blocs de grès. On retrouve ces polissoirs surtout dans l’Aube et l’Yonne (sous-sol crayeux) mais aussi en Pays de la Loire (Louresse-Rochemenier, St Lambert-la-Potherie ‘la Chaussée’, Echemiré ‘Le coq et la poule’, Martigné-Briand ‘Grouas’).

Pour réparer le tranchant émoussé d’un outil, on utilise une meule, des "pierres à aiguiser" ou des bandes abrasives à grains plus ou moins fins (de 100 à 8000) selon la dureté et la résilience (résistance à la casse) du matériau choisi pour la  lame (acier, céramique, obsidienne, titane, ...). L'acier de Damas qui décore parfois les lames est un savoir-faire inscrit à l'inventaire du patrimoine culturel immatériel de France (Lorraine). Les motifs moirés naissent de l’art du forgeron qui
provoque les déformations dans l’acier feuilleté (différentes couches soudées plus ou moins inoxydables et dures).

Devenu pliant au XVème siècle, le kenivet, canif, laguiole (1829), opinel, ou couteau suisse (1897) tient dans la poche et se personnalise. Le guillochage consiste à sculpter des motifs à la lime sur le dessus du ressort. Thiers (63) a plusieurs fois été désignée capitale mondiale de la coutellerie.

Source : Suppl.d'AM, n°29 du 12 juin 2017