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Le compas


Si la boîte à outils de l’ingénieur n’inclut pas la vrillette (voir Suppl. d’AM, n°25), comment pourrait-on imaginer que le ‘maître à danser’ en fasse partie ? Il s’agit d’un compas dont les branches font penser aux bras en couronne d’un danseur en cinquième position. Un arrondi qui n’est pas sans rappeler les motifs dessinés par des compas plus classiques telles les arabesques d’une ballerine en pivot sur ses pointes. Ici, la forme courbe des branches sert à mesurer des épaisseurs
inaccessibles (cotes intérieures ou extérieures d’un récipient).

A l’image de la droiture enseignée et des exigences de cette discipline qu’est la danse, le compas associé à l’équerre se veut être l’emblème des sciences exactes et de la rigueur mathématique. Car ‘être d’équerre’ n’est-ce pas être droit dans ses pensées, ses paroles et ses actes ? On retrouve ses valeurs à la fois chez les compagnons, les francs-maçons ou les gadz’arts. Aux Arts et Métiers, l’équerre est remise le jour des "508" (moitié du temps de scolarité à l’époque où sa durée était de 1016 jours). Le décalomètre permet de compter les jours restants avant la fin des études (la décale).

Le compas et l’équerre tirent leur nom du latin : respectivement compassare (mesurer avec le pas) et exquadrare (rendre carré). Déjà à l’époque des grands bâtisseurs, on taillait les pierres ‘au carré’ avec l’équerre et on reportait la dimension à l’aide du compas. Les égyptiens se servaient d’une corde à nœuds comme équerre pour dessiner la base carrée des pyramides (Voir Suppl. d’AM  n°18). Sans doute Pythagore avait-il le compas dans l’œil pour modéliser cette méthode 3-4-5  avec sa fameuse équation : a2+b2= c2

Mais je ne voudrais pas que vous preniez la tangente en allant trop loin dans l’orthogonalité, alors imaginez seulement l’horizon dansant avec la verticalité !