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Défendre ce qui nous tient à cœur


Signer « vos dévoués serviteurs » en s’adressant à « Son altesse sérénissime » révèle la déférence envers un pouvoir d’un autre temps qui vous autorisait à publier votre pensée. Ces prédicats honorifiques ou nobiliaires révèlent-ils pour autant une considération réelle, une sincère humilité, ou ne sont-ils en somme que des ‘titres’ imposés par l’usage ? Faire aujourd’hui que la servilité d’un subordonné devienne dévouement suppose une adhésion, un acquiescement actif. Rendre acceptable la soumission à une dépendance hiérarchique et la perte de son libre arbitre nécessite de la confiance, de la considération réciproque. Pour avoir un ascendant dans la durée, imposer à autrui sa personnalité, ses valeurs, un chef devra savoir inspirer le respect en alliant compétence, popularité et prestige. L’individu pourra alors plus facilement déléguer son pouvoir, se conformer à cette autorité perçue comme légitime. Là où l’exemplarité peut générer un consensus social, d’autres utiliseront leur charisme (leadership) pour manipuler (exercer une influence) ou la force et la coercition pour dominer (physiquement, moralement ou psychologiquement).

Mais le pouvoir de chacun, c’est aussi d’ouvrir le champ des possibles : se découvrir des aptitudes insoupçonnées, trouver des ressources en soi pour résister, surmonter le conformisme, avoir l’audace de ne pas être un mouton. Si l’obéissance à des règles facilite le vivre ensemble, elle devient néfaste dès lors qu'elle s’oppose à la conscience morale de l'individu. Il faut parfois savoir être moins ‘normalisé’, défendre des pensées divergentes, affronter la contradiction, se démarquer du groupe, apprendre à sortir du cadre, s’interroger sur la rationalité des décisions des instances dirigeantes pour mieux dénoncer les travers d’un système. La population (plus que les élites) est à l’origine des grandes réformes sociétales … Alors, c’est de notre responsabilité d’interroger notre taux d’obéissance… pour défendre ce qui nous tient à cœur.