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Etudes et lectures sur les sciences d'observation


En 1855, dans son Etudes et lectures sur les sciences d'observation (en sept volumes), Jacques Babinet consacre un chapitre entier aux marées (Vol. 4, p. 15-30). Et c’est vrai qu’on pourrait rester des heures à observer l’imprévisible flux et reflux des vagues, écouter le ressac ou le roulis des galets, recueillir l’écume entre ses doigts, sentir la bruine iodée des embruns s’écrasant sur les rochers, suivre la ligne haute de l’estran où échouent les flotteurs de goémons, le bois flotté, les paillettes de nacre et les vestiges spiralés de cachettes calcaires désertées …

Mais où situer le zéro hydrographique (dont dépend toutes les mesures d’altitude) quand le niveau de la mer fluctue au cours des temps géologiques (mer des faluns présente en Anjou à l'ère du Cénozoïque, il y a 65 millions d'années), des siècles, des années, selon l’heure du jour ou le lieu (marnage) ? Tectonique des plaques, réchauffement climatique, dilatation ou proximité avec la lune ont une
incidence. A Brest, les premières mesures marégraphiques remontent à 1679 ; mais c’est au Fort Saint Jean de Marseille, en 1860, que Bardaloue choisit de localiser le réseau de références altimétriques pour la France. La moyenne des mesures relevées par le marégraphe en ce lieu entre 1884 et 1896 fixe encore aujourd’hui l’altitude zéro. Aux dernières nouvelles, le Mont Blanc mesure 4809 m par rapport au geoïde (si on veut être tout à fait exact).

On pourrait aussi chercher à comprendre pourquoi l’eau douce des rivières ne diminue pas la salinité des océans (34,7g/l en moyenne,  275 g/l pour la mer morte) ou préférer expérimenter sa flottabilité, se laisser porter par le ‘vague à l’âme’, dériver dans les flots ondulants, comme cette bouteille à la mer ou celles-là. Mais toujours s’émerveiller des mystères de cette immensité...